Bonjour Thomas, quel a été votre parcours professionnel depuis la sortie des secondaires jusqu’à votre entrée à la HE Vinci ?
J’ai fait mes études en mécanique – carrosserie mais j’ai arrêté l’école assez tôt : j’étais mauvais élève, à l’époque (rires). Je suis alors parti travailler à Bruxelles où j’ai enchaîné les boulots : de livreur à chauffeur poids lourds. Ensuite, je suis entré dans une entreprise qui vend des bouteilles d’eau : j’ai commencé comme livreur puis technicien. Un poste de commercial s’est ouvert, auquel j’ai postulé. J’ai dû étudier un peu pour me mettre à niveau mais je l’ai obtenu. C’était chouette, cela me plaisait mais la vente, c’est un domaine où il faut en faire toujours plus et cela ne me convenait plus. Dans ce poste, je devais beaucoup utiliser l’informatique, ce que j’aime. Donc, me voila qui reprend des cours.
Justement, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans un bachelier en informatique ? Vous avez un projet professionnel bien précis ?
J’ai grandi avec les ordinateurs. Quand j’étais petit, j’en avais un et j’ai aimé bidouiller dessus mais je m’en suis éloigné quand je suis parti travailler à Bruxelles. Pour moi, l’informatique, c’est l’avenir : cela devrait me permettre de trouver un emploi dans lequel je me sentirai un peu plus libre que dans celui de vendeur et dans lequel mes compétences seront reconnues.
Mon projet est encore un peu vague mais j’ai entrepris ces études avec un but : obtenir mon diplôme et partir travailler comme freelance en informatique, au Brésil. J’y retourne déjà cet été, pendant six semaines : malheureusement, je sais déjà que j’aurai des examens de passage donc je n’en profiterai pas autant que je l’aurais voulu mais le cadre sera sympa pour étudier.
Vous êtes rentré à Vinci grâce à la VAE : comment s’est passée la constitution du dossier ?
Ce fut assez long et compliqué. J’ai dû rassembler beaucoup de documents puisque je suis sorti de l'école depuis longtemps et que j’ai eu plusieurs boulots entretemps. De plus, comme je n'avais pas obtenu mon CESS, le dossier de demande de VAE devait articuler différentes ressources pour pouvoir faire un bilan de compétences visant l’admission dans l’enseignement supérieur. Mais tout s'est bien passé, j'ai su rassembler tous les éléments nécessaires.
J’aurais pu obtenir certaines dispenses de cours mais j’ai décidé ne pas en bénéficier car je préférais reprendre l’ensemble des cours depuis le début. Et je crois que j’ai bien fait car les cours sont tous liés les uns aux autres et c’est plus facile pour moi d’avoir tout revu.
Est-ce que vous continuez à travailler en même temps que vos études à Vinci ?
Non, je suis actuellement au VDAB (Vlaamse Dienst voor Arbeidsbemiddeling en Beroepsopleiding) et je touche le chômage pour pouvoir suivre mes études. Mais ils sont assez stricts : je dois réussir mes études dans les trois ans et à la fin de la première année, je dois avoir validé au minimum 36 crédits de bloc 1 et pouvoir prendre au minimum 26 crédits de bloc 2 pour continuer à avoir ma dispense de chômage. Le souci, c’est qu’avec seulement 26 crédits, je n’aurai pas droit aux cours de bloc 2 à Vinci donc l’objectif, c’est d’en réussir un maximum !
En réalité, j’avais deux choix : soit prendre des cours du jour et toucher le chômage à côté, pendant trois ans, avec obligation de réussite. Soit prendre des cours du soir mais alors le VDAB nous oblige à travailler, en complément, la journée. J’ai préféré prendre les cours de jour et me consacrer uniquement aux études : il y a beaucoup de matière à assimiler et j’ai déjà parfois l’impression de manquer de temps donc je ne pense pas que j’aurais réussi, si j’avais dû enchainer cours du soir et travail en journée.
Et comment vivez-vous l’intégration avec les autres étudiants et étudiantes, qui sont bien plus jeunes, pour la majorité ?
Nous sommes plusieurs adultes en reprise d’études dans mon année. On ne se sent pas mis à l’écart mais il est vrai qu’on n’a pas la même mentalité vis-à-vis des cours. Moi, je viens pour étudier : je vais au cours, je m’installe à l’avant pour bien suivre et puis je repars chez moi. Je ne viens pas à l’école pour sociabiliser ou me faire des amis : ma priorité, c’est de réussir mes cours. Mais j’ai de la chance, j’ai trouvé de chouettes personnes dans les travaux de groupe, qui sont de bons élèves et qui sont respectueux donc ça se passe bien.
Quelle a été votre plus grande difficulté, au cours de ces premiers mois de reprise de cours ?
La matière. On nous dit qu’on n’a pas besoin d’avoir de connaissances en informatique avant de commencer le bachelier mais on est vite dépassé. Je sais déjà que je vais devoir laisser l’un ou l’autre cours pour la session d’août car je n’aurai pas le temps de tout étudier. Les professeurs sont soutenants mais la matière reste difficile.
Qu’est-ce que vous auriez envie de dire à un adulte qui voudrait reprendre des études ?
Qu’il doit le faire pour lui et ne pas avoir peur du regard des autres. Faire ce qu’il aime, c’est le plus important. Maintenant, il faut s’accrocher et, surtout, venir aux cours. Il y a énormément d’élèves qui ne viennent pas aux cours. D’un côté, je les comprends, c’est une certaine manière d’étudier. En restant chez moi, je gagnerais deux heures par jour pour étudier, mais en allant aux cours, j’entends les conseils des profs, je suis davantage poussé, ce qui n’est pas possible en restant à la maison.
Pour vous, quelle est votre plus grande force dans le fait d’être adulte, ayant une expérience professionnelle, qui reprend des études ?
Mes responsabilités. En soi, je n’ai pas le choix de réussir : je vis seul, j’ai un loyer à payer, je dois répondre aux conditions du VDAB. Je n’arrive pas avec la même mentalité que si j’avais 18 ans et que je vivais encore à la charge de mes parents.
Et je peux m’appuyer sur mon expérience de commercial pour certains cours, comme celui de mathématiques où l’on a appris à utiliser Excel : cela m’aide déjà beaucoup. Et puis cela m’a donné certaines qualités bien utiles comme le respect ou le fait d’être ponctuel.