Julie David

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cheffe de projet pour la mise en place du bachelier Accueil et éducation du jeune enfant
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VMAG Julie David

Publié le par Magali Vienne

En septembre 2023 s'ouvre le nouveau bachelier Accueil et éducation du jeune enfant (AEJE) à la HE Vinci. Découvrez celle qui porte ce projet depuis plusieurs années déjà !

Carte d'identité

  • Rôle à la HE Vinci : cheffe de projet pour la mise en place du nouveau bachelier Accueil et éducation du jeune enfant (AEJE) et coordinatrice du certificat de direction de Maison d’accueil de la petite enfance.
  • En dehors de la HE Vinci : je suis devenue une adepte de la marche, surtout depuis ma revalidation pendant laquelle j’ai marché 1800 km en 10 mois. A côté de cela, je fais du yoga, de la natation et j’adore les voyages et les découvertes.
  • Actualité du moment : elle est émotionnellement forte puisque cette semaine j’ai envoyé mon premier mail à la nouvelle équipe du bachelier AEJE, constituée de 3 Hautes Ecoles, 12 départements, pour un total de 32 enseignants et enseignantes.
  • Signe distinctif : j’ai peut-être envie de parler d’un second degré assez affirmé qui m’amène à prendre pas mal de recul sur beaucoup de situations et qui s’imprime aussi au niveau du boulot, avec une petite folie pédagogique. Et si la question avait été posée à certains collègues, un célèbre « ça va d’aller » aurait été spontanément évoqué.
  • Coup de cœur du moment : il est lié au boulot et à cet enthousiasme des personnes qui ont été engagées. C’est un vrai coup de cœur car je me dis « wahouw », on ose pédagogiquement quelque chose d’un peu audacieux. Et cet enthousiasme vient aussi bien des profs que des admins qui vont accompagner ce bachelier et qui ont envie de le porter et de le soutenir. C’est super chouette !
  • Quelque chose d'insoupçonné te concernant : peu importe où je vais, je suis toujours à la recherche d’hippopotames, sous toutes leurs formes.

Bonjour Julie, pour commencer peux-tu nous retracer ton parcours professionnel ?

J’ai fait des candidatures en psychologie et puis une licence en psychopédagogie, orientation orthopédagogie à l’UCLouvain. Durant mon stage de dernière année, j’ai réalisé un stage à l’ULB, au Centre d'études et de formation pour l'éducation spécialisée, le Cefes. Contre toute attente, j’y ai été engagée pour 3 ans en tant que formatrice des enseignants dans l’enseignement spécialisé. Cela m’a permis d’avoir une attention particulière à la différence et de toucher, petit à petit, au domaine de la formation.

Ensuite, j’ai eu l’opportunité de collaborer à un projet de recherche à l’UCLouvain autour de la motivation et des mathématiques avant d'être engagée comme orthopédagogue dans un centre pour enfants polyhandicapés. J’y ai travaillé un an.

Je suis entrée à l’ENCBW, en 2000, pour remplacer une collègue enseignante en psychopédagogie, sur le campus de Nivelles.

En parallèle de ces premières années, j’avais quelques heures dans la formation relais, au CPFB pour l’accompagnement des étudiants en décrochage de l’enseignement supérieur. J’en parle parce que cela a vraiment été un tournant pour moi : j’y ai fait mes armes comme enseignante auprès d’étudiants qui avaient besoin d’être soutenus et réorientés. Cette expérience m’a beaucoup marquée et a créé toute mon attention pour l’acculturation des étudiants dans l’enseignement supérieur. J’ai décidé de quitter ce poste au moment où j’ai été engagée à temps plein à la Haute Ecole.

C’est à partir de 2009-2010 que j’ai eu l’opportunité de prendre petit à petit une place de leadership, tout en restant principalement enseignante. Dans ces premières années, on a eu l’évaluation de l’AEQUES, le déménagement à Louvain-la-Neuve, un renouvellement important de l’équipe. C’était pas mal de challenges. Le poste de chef de département a beaucoup évolué au fur et à mesure des années. Au départ, on était davantage dans une fonction de coordination générale, rien à voir avec les responsabilités actuelles confiées aux chefs de département. Depuis 2012, j’ai donc eu deux mandats complets en tant que CD du département Instituteur préscolaire et le début d’un troisième qui s’est achevé au mois de novembre.

Durant toute cette période, j’avais aussi l’envie de m’inspirer de ce qu’il se passe ailleurs. Cela a mené le département à participer à des projets de la Fondation Roi Baudouin sur les inégalités scolaires et sociales. Cela a été très porteur pour le département. D’ailleurs en 2019, on a participé à la publication par la Fondation de l’ouvrage « Voir l’école maternelle en grand ». Il y a toujours un collègue qui continue les suites de ce projet.

Et quel a été ton plus grand défi pendant tes différents mandats ?

Je dirais l’instauration du décret paysage. Des défis, il y en a eu beaucoup, mais le décret paysage était l’un des plus grands car il était en lien avec une conception de l’enseignement supérieur qui changeait et une volonté pour moi de prendre le train tout de suite, dans cette perspective d’unités d’enseignement qui, personnellement, en tant que pédagogue me parlait beaucoup.

Avec le travail approfondi en équipe, autour des inégalités scolaires, c’est peut-être l’une des choses dont je suis le plus fière, ce passage du décret paysage.

Et est-ce qu’il y a eu un moment particulièrement marquant dans cette carrière ?

Oui, un voyage en Norvège en 2010 où on a pu emmener l'équipe au complet pendant une semaine. On a visité des écoles, plusieurs collègues ont donné des cours sur place, … C’était une semaine assez exceptionnelle au niveau « Team Building » mais aussi pédagogique. Un luxe de partir une semaine, début janvier, pendant les examens. Heureusement, nous avons pu compter sur la solidarité des autres départements qui ont assuré les surveillances.

Ce voyage a fait naitre dans le département l’idée du Oudoor Education. Aujourd’hui, cette unité d’enseignement est une identité forte du département.

Comment est venue l’idée de créer le bachelier Accueil et éducation du jeune enfant à Vinci ?

C’est une longue histoire… Après le voyage en Norvège, très rapidement avec les directions de l’époque, nous nous sommes questionnés. Dans les 2 années qui ont suivi, j’ai pu participer à la recherche européenne « Toddler » avec les équipes de 7 autres pays européens. Cela m’a ouvert les yeux sur le fait qu’un bachelier "Educateur du jeune enfant" existait déjà dans un grand nombre de pays. Et, en parallèle à cela, sans que nous ne le sachions, s’organisaient des recherches à l’ULiège autour de cette idée de la nécessité de créer un bachelier pour former les professionnels de la petite enfance. Ces 2 recherches montraient que l’idée qui germait en nous était en train de se construire ailleurs. Or en 2015, nous avons participé à un colloque à Paris et rencontré les chercheurs concernés. Nous nous sommes aperçus qu’il y avait un groupe de travail ONE et Hautes Ecoles qui s’était créé et nous avons fini par en faire partie également.

Dans le même temps, nous avons eu, avec Nastasya, une collègue de la HE Vinci, la chance de pouvoir créer un groupe interdépartemental pour penser la création de cette formation. Nous avons mis au point une conférence, en 2019. Avec les directions, nous étions convaincus qu’il était nécessaire de s’investir au niveau des questions sociétales en lien avec la petite enfance.

En 2021-2022, l’ARES créent deux groupes de travail; stratégique et pédagogique pour construire et baliser les demandes d’habilitations de ce bachelier et organiser tout cela au niveau de l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Soutenus par les directions des trois Hautes Ecoles, le consortium Vinci, Galilée, Isfsc se constitue.

Et donc voilà, maintenant, on y est la formation ouvre en septembre !

Tu l’as dit tout à l’heure, 12 départements sont impliqués dans le bachelier. Comment cela se traduit concrètement dans le programme ?

L’idée au départ est très simple : c’est de se dire que derrière des moments simples et répétitifs se trouve une tâche complexe avec des enjeux multiples et variés. Très souvent, les professionnels qui se chargent de ces tâches n’ont pas conscience de tous ces enjeux. Par exemple, quand on donne le repas à un enfant, ce n’est pas juste répondre à un besoin physiologique. Il est nécessaire de prendre en compte des aspects en lien avec la déglutition, la cuillère utilisée, la position de l’enfant, de l’adulte, les apprentissages en jeu, etc. On peut également se questionner sur la culture, les valeurs, … : comment fait-on pour que le repas réponde à la fois aux choix défendus par les parents et aux recommandations de l’ONE ?, etc. Cette question de travailler en interdisciplinarité s’initie donc de cette constatation.

Concrètement, dans le programme, comment cela se passe ? Dans chaque unité d’enseignement, il y a au minimum deux départements impliqués. On va croiser les disciplines et les ressources pour que l’étudiant puisse réaliser une tâche complexe pour laquelle il a besoin de ressources diverses et variées. Un des moyens (mais pas le seul), c’est de modulariser l’unité et proposer une épreuve intégrée qui reprend toutes les disciplines de l’unité. On va tester cela durant cette première année. Si l'on veut que les étudiants prennent conscience de l’interdisciplinarité, cela doit se marquer dans la réalisation de ces tâches complexes. A l'intérieur de chaque unité, il y aura systématiquement une activité d’apprentissage qui permettra aux étudiants de se préparer à l’évaluation intégrée. Et les épreuves auront lieu pendant l’unité d’enseignement : on sort de la logique des sessions d’examens.

L'interview se termine. Qu’aurais-tu envie d’ajouter ?

Je pense qu’il y a une chose qu’on ne mesure pas, c’est la force autour de cette formation de pouvoir vivre les départements et apprendre à se connaître entre départements. Cela se marque déjà dans le certificat complémentaire de direction de milieu d’accueil où tous les enseignants proviennent de différents départements de Vinci. Ils ont souvent un même intérêt de travailler la posture du professionnel de la petite enfance mais ne se connaissaient pas forcément.

C’est à la fois intéressant au niveau de Vinci, d’avoir cette possibilité de se croiser, de collaborer mais aussi au niveau du consortium. Les unités relatives aux stages et au TFE seront encadrées par des enseignants des 3 Hautes Ecoles. C’est un peu fou. En même temps, cela n’avait pas de sens de penser interdisciplinarité sans qu’il n’y aitun moment où, concrètement, les étudiants perçoivent le sens de travailler avec ces trois Hautes Ecoles.

Créer un dispositif interdisciplinaire avec épreuve intégrée, ce n’est pas nouveau. Le fait que cela concerne l’ensemble des unités de la formation et que ce soit une base non négociable, cela oblige chacun et chacune à sortir du cadre des départements dont chacun est issu. Nous préparons en effet nos étudiants à un nouveau métier, celui d'accueillant du jeune enfant.

Le bachelier Accueil et éducation du jeune enfant s’ouvre en septembre.