Didier Lambert, un nouveau Président à la barre de notre CA et AG

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Publié le par Emmanuelle Dejaiffe

En ce mois de mars 2025, le soleil brille de pleins feux sur le campus de Woluwe. Dans cet air printanier, le VMag a donné rendez-vous à Didier Lambert, qui préside depuis octobre le pouvoir organisateur de ce grand navire qu’est aujourd’hui la HE Vinci.

Portrait d’un homme, docteur en sciences pharmaceutiques, engagé, expérimenté et ouvert sur le monde, qui prend à cœur ce mandat.

Crédits photographiques : UCLouvain/Alexis Haulot

Bonjour Didier Lambert. Nous vous remercions d’avoir accepté cette rencontre. En quelques phrases, pouvez-vous évoquer brièvement les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

J’aime d’abord à dire que je suis vraiment d’ici. Mes parents habitaient non loin du campus de Woluwe et j’y ai fait mes études de pharmacie, suivies par une thèse de doctorat. J’en connais les moindres recoins et les grandes étapes qui ont jalonné la création de ce campus. Aujourd’hui, j’y suis à nouveau comme enseignant et chercheur. Depuis cette rentrée académique, j’enseigne de nouvelles matières, ce qui représente un beau défi qui m’occupe pleinement.

Après mon doctorat, je suis parti aux États-Unis à l’université du Minnesota afin de réaliser un post doctorat, cela m’a vraiment ouvert sur le monde. Je garde un fantastique souvenir du brassage international qui se vit dans de nombreuses universités américaines, avec des chercheurs originaires de tous les continents. Je crains que ce soit plus compliqué aujourd’hui de vivre une telle expérience à la suite des changements apparus après l’élection de Donald Trump. Les coupes budgétaires actuelles sont regrettables et nous pouvons nous poser des questions sur la nature démocratique du pouvoir en place. Prenons, pour simple exemple, le bannissement de certains mots comme celui de « diversité », cela impliquerait que la moitié des articles scientifiques que j’ai publiés, où j’évoque la diversité moléculaire, seraient concernés par cette mise à l’index. Réduire la liberté de chercher est, à mes yeux, une vraie source d’inquiétude.

Enfin, ces dernières années, j’ai exercé plusieurs mandats de vice-recteur au sein de l’UCLouvain avant de devenir recteur f.f. au départ de Vincent Blondel, jusqu’en septembre 2024.

Pouvez-vous préciser, pour nos lecteurs, votre rôle au sein de la Haute Ecole Léonard de Vinci ? Comment le percevez-vous ? Y a-t-il des thèmes et des enjeux qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

Je suis Président du CA et de l’AG. Ici, la spécificité est que le lieu décisionnel ultime est confié à l’Assemblée générale que je préside, tout en présidant également le Conseil d’administration. C’est une belle institution avec de grands défis, ses forces et ses difficultés comme tant d’autres maisons.

Pour ce mandat, mon intention est d’être aux côtés de l’équipe de direction et d’accompagner aussi l’institution dans son rayonnement au sein du paysage de l’Enseignement supérieur. La Haute École a une forte notoriété. Cela peut se révéler parfois difficile d’être dans le peloton de tête, on sent parfois le besoin, pour Vinci comme pour d’autres institutions, d’être partout à la fois. Personnellement, je pense qu’il importe de se développer sur ses propres forces, je souhaite vraiment insuffler cela à l’Assemblée générale et au Conseil d’administration.

Plus concrètement, j’essaie surtout d’être en interaction régulière avec Julien Federinov, le Directeur-Président ainsi que le Collège de direction. Je compte les soutenir dans leur vision et apporter également un regard extérieur pour ouvrir l’horizon. En venant me chercher, le souhait était d’avoir recours à mon expérience des milieux de l’Enseignement supérieur que ce soit en Belgique ou à l’étranger. Le CoDir pourra en effet compter sur mon vécu pour les accompagner et pour ouvrir la Haute École à l’international afin de voir et d’analyser les grandes tendances qui peuvent intéresser l’institution. Personnellement, au sein de l’offre de formations que présente la HE Vinci, je suis intéressé et curieux de l’évolution du nouveau bachelier en alternance lancé dernièrement. Je trouve cela novateur de débuter une formation directement en alternance.

J’aimerais aussi continuer à garantir la qualité des formations à Vinci, le sérieux et la rigueur de ses stagiaires qui sont accueillis dans les laboratoires de l’UCLouvain sont remarquables. L’une des difficultés est de maintenir cette qualité avec les défis actuels liés notamment au grand nombre d’étudiants que l’on retrouve dans certaines formations. Je voudrais donner de bonnes conditions d’enseignement pour les étudiants et les enseignants. A mon sens, université et haute école se complètent.

Quel regard posez-vous sur la Haute École Léonard de Vinci ?

La qualité des formations est indéniable. Et quelque part, je remarque aussi que le mouvement vers une haute école avec une identité bien inscrite est en bon chemin.

De nombreux défis attendent la jeunesse demain. Y en a-t-il certains qui vous touchent particulièrement ?

Je constate qu’il y a un grand nombre d’étudiants qui ont du mal à se projeter au-delà de leurs années d’études et qui restent dans une logique d’immédiateté. L’apprentissage du doute est plus difficile alors qu’il importe de toujours prendre du temps de recul et de réflexion. C’est aussi le monde numérique dans lequel nous évoluons qui renforce cela. Tout n’est pas blanc ou noir, le monde n’est pas uniquement binaire. Au niveau politique, cette binarité pourrait nous faire perdre les bases de la démocratie.

J’ai aussi l’optimisme de penser qu’on peut changer les choses et qu’un sursaut viendra peut-être de la jeunesse actuelle. Ils sont en avance sur nous pour tout ce qui concerne l’intelligence artificielle. La question est de savoir comment enseigner l’IA créative. Il y a aussi toute une série de très bons aspects dans ces évolutions.

En dehors de vos activités professionnelles, avez-vous une ou des passions ?

J’ai un ancrage fort dans la nature, j’aime randonner et je ressens le besoin d’un rapport à la terre. Au niveau de tout ce qui est développement durable, j’aime les challenges que nous pose la jeunesse. Beaucoup sont investis dans ces valeurs essentielles.

J’ai aussi beaucoup d’intérêt pour la culture, en particulier tout ce qui touche au théâtre et à la littérature.

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Avez-vous un coup de cœur du moment à nous partager ?

Au niveau littéraire, je conseille la lecture d’Un avenir radieux, le dernier roman de Pierre Lemaître, un auteur que j’aime beaucoup. J’ai aussi assisté à une pièce à Paris intitulée Mon jour de chance que je conseille à nos lecteurs.

J’aime que ma curiosité soit aiguisée, et aussi ce sentiment de surprise et d’émerveillement que peut provoquer une œuvre artistique. La culture nous permet souvent de sortir grandi d’une expérience alors qu’on se lance au départ dans l’inconnu.

En ce début de mandat, quel message adressez-vous aux membres du personnel et aux étudiants de la Haute Ecole ?

J’ai un message simple pour les étudiants et étudiantes : « Vous êtes en de bonnes mains à Vinci, osez les meilleurs choix pour votre futur, ce ne sont pas toujours les plus raisonnés car il faut écouter ses envies. »

Pour les membres du personnel, je les invite à faire un arrêt sur image et à voir la qualité de leur travail. « Osez regarder dans le miroir et soyez fiers du chemin parcouru. C’est toute une communauté qui doit travailler ensemble, quel que soit le rôle de chacun et chacune. »