Alumni du bout du monde : Sara Demey

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Infirmière en bloc opératoire
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Publié le par Anne Mélery

Débuter une activité professionnelle à l’étranger n’est pas toujours aussi aisé qu’on ne le croit. Démarches administratives, formation complémentaire, gestion de l’éloignement des proches, il faut se préparer un minimum, et persévérer. C’est ce qu’a fait Sara Demey, infirmière spécialisée en Soins périopératoires lors de son installation en Suisse, il y a déjà 4 ans.

Bonjour Sara, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quelle formation avez-vous suivie à Vinci ?

Bonjour,

Je m’appelle Sara Demey, j’ai 25 ans. J’ai réalisé mes études d’infirmière à la HE Vinci, sur le campus de Louvain-la-Neuve, pour ensuite me spécialiser en Soins péri-opératoires à Woluwe. J’ai terminé la spécialisation en juin 2019. Par la suite, j’ai emménagé en Suisse en septembre de la même année pour y travailler en tant qu’infirmière de bloc opératoire à l’Hôpital Cantonal de Fribourg.

Qu’est-ce que votre formation vous a apporté tant au niveau professionnel que personnel ?

Personnellement, je suis passionnée par l’anatomie. J’apprends tous les jours grâce aux opérations qui me permettent de voir en vrai ce qu’on apprend sur schéma… Cela m’aide dans mon quotidien à mieux comprendre certaines maladies, certaines douleurs et certains soins infirmiers.

J’ai aussi pris énormément de confiance en moi. Ayant toujours été très timide et réservée, il me faut, au bloc opératoire, gérer des situations d’urgence pendant lesquelles je dois avoir un bon sens des priorités et une bonne gestion du stress. Le travail en équipe compte également énormément. En effet, la communication avec le chirurgien et l’anesthésiste est primordiale.

Le milieu du bloc opératoire est un monde à part, il est difficile de le décrire et de le comprendre si on n’y a jamais mis les pieds.
Sara D.

Avez-vous une anecdote ou un souvenir marquant de votre formation à nous partager ?

J’ai toujours regardé des séries comme « Grey’s Anatomy » par exemple... On n’y voit que des patients entre la vie et la mort, des opérations en situation-catastrophe. Beaucoup d’agitation et de stress ! Je me souviens du premier jour où j’ai mis les pieds dans une salle d’opération : j’ai pu assister à une opération sous hypnose. Autant vous dire que de la prise en charge du patient jusqu’à la salle de réveil, l’ambiance était très paisible. Toute l’équipe a travaillé dans le calme, les chuchotements, les mots agréables et réconfortants de l’anesthésie. Bien entendu les opérations ne se déroulent pas toutes sous hypnose, mais je m’attendais à un contexte bien plus stressant et angoissant, un peu comme dans les séries !

La salle d’opération, cela peut aussi être un environnement calme et serein, où chacun se concentre pour prendre en charge le patient de la meilleure manière possible, avec un maximum de compétences.
Sara D.

Pourquoi vous êtes-vous installée en Suisse ?

Les études et les stages en Belgique m’ont demandé beaucoup d’investissement. Je ressentais l’envie de « changer d’air ». J’ai finalement choisi la Suisse pour la facilité linguistique et aussi pour la proximité avec la Belgique.

Comment se sont passés vos débuts professionnels là-bas ? Ce n’est si pas simple, nous dites-vous …

La Suisse est un pays hors Union Européenne, avec des lois précises en matière d’installation et d’activité professionnelle. Il faut un permis de travail fourni par l’employeur pour pouvoir s’y installer. Ce document permet également de s’affilier à une assurance maladie, d’obtenir un logement, un numéro de téléphone, un compte bancaire, etc.

Pour exercer une fonction de soignant en salle d’opération, il existe deux possibilités en Suisse. En effet, au bloc opératoire, il existe soit des infirmiers [4 ans d’études de base + 2 ans d’études spécialisées dans le domaine du bloc opératoire], soit des techniciens en salle d’opération (3 ans d’études). L’exercice de la profession est le même sur le terrain mais avec une différence salariale.

De plus, pour travailler dans un établissement public, seul le diplôme de Bachelier Infirmier en soins généraux de la FWB est reconnu par la Croix Rouge suisse, mais pas le diplôme de Spécialisation en soins périopératoires. Pour travailler au bloc de l’hôpital cantonal de Fribourg, j’ai donc dû suivre les 2 années de la formation suisse « Infirmière certifiée en domaine opératoire », en cours d’emploi, financées par mon employeur. Néanmoins, certaines cliniques privées suisses acceptent de conclure un contrat de travail pour professer au bloc, sans la spécialisation. Il faut bien se renseigner.

Que faites-vous exactement là-bas ? Dans quelle(s) spécialité(s) œuvrez-vous au bloc opératoire ?

Je travaille à l’Hôpital Cantonal de Fribourg en tant qu’infirmière instrumentiste. C’est un bloc opératoire de 9 salles d’opération.

J’instrumente beaucoup d’interventions en chirurgie orthopédique. Il m’arrive aussi d’instrumenter en neurologie, chirurgie viscérale, vasculaire, thoracique, pédiatrique, ORL, ophtalmologie, urologie, gynécologie et proctologie. Ici, dans cet hôpital, l’instrumentiste est polyvalente, mais dans d’autres hôpitaux suisses, l’instrumentiste est sectorisée par spécialité chirurgicale.

Le métier d’infirmière de salle d’opération est-il différent là-bas ?

Oui, sensiblement.

La formation d’Infirmier spécialisé en anesthésie est très bien reconnue en Suisse. Ce sont donc uniquement ces infirmiers qui s’occupent de ce volet-là.

L’infirmier spécialisé au bloc opératoire, lui, se concentre uniquement sur l’instrumentation, il ne participe pas à l’accueil du patient, ni à l’aide à l’anesthésie, ni à l’installation du patient. Le plus souvent, l’instrumentiste est prêt en salle avec ses tables d’instrumentation dressées tandis que le patient entre en salle d’opération endormi et déjà installé.

Et ces deux professionnels sont aidés par des techniciens de salle d’opération et des aides de salle pour les autres tâches.

Est-ce que votre expérience professionnelle aurait été différente si vous étiez restée ici en Belgique ?

Oui sans doute …

Comme cela a été le cas pour plusieurs de mes camarades de classe, j’ai reçu une offre attrayante pour travailler dans une institution hospitalière à Bruxelles. J’aurais eu certains avantages comme la proximité de mes amis et de ma famille qui me manquent beaucoup ici. Mais je suis très heureuse d’avoir pu m’ouvrir à une autre culture, d’avoir pu découvrir tous ces beaux paysages et d’avoir pu faire pleins de belles rencontres. C’est une belle expérience personnelle et professionnelle ! Cela fait maintenant 3 ans que je vis en Suisse et j’accueille toujours mes proches avec plaisir lorsqu'ils viennent me rendre visite.

J’ai pris confiance en moi, je suis bien plus indépendante et je n’ai pas peur de me lancer dans d’autres projets à l’avenir.
Sara D.

Avez-vous un conseil à donner aux étudiants et futurs diplômés ?

Partir vivre à l’étranger, ça se prépare un minimum. Du moins, cela évite les mauvaises surprises. C’est toujours bien d’avoir un peu d'argent de côté avant de se lancer et de se renseigner sur le fonctionnement du pays.

Je dirais que le plus compliqué pour moi, a été de partir seule sans personne à qui m’adresser pour avoir des réponses à mes questions. Il est donc très important de sortir de sa zone de confort et d’aller vers les gens qui nous entourent.

Avez-vous un coup de cœur lié à la Suisse à partager ?

J’ai un gros coup de cœur pour le Glacier 3000, le Peak Walk. C’est une montagne à 3000 mètres de haut, accessible par cabine téléphérique. On peut y traverser un pont suspendu avec une vue sur des dizaines de montagnes enneigées. Au sommet, on peut déguster une bonne fondue moitié-moitié (mi vacherin, mi gruyère) dans une ambiance de chalet et terminer le repas avec une bonne meringue double crème. Avec un beau soleil, c’est juste splendide !

L’été est tout aussi agréable au bord des lacs du canton de Fribourg. On se croirait presque sur une plage, cocktail à la main et le bruit des vagues. Il y a d’ailleurs quelques activités nautiques (voile, paddle, kayak…). Le bateau jacuzzi en plein milieu d’un lac, avec un petit apéritif est aussi un beau souvenir !

portrait sara demey infirmière