Tu es actuellement cheffe de département du bachelier sage-femme. Quel a été ton parcours avant d’endosser ce rôle ?
J’enseigne dans le département sage-femme depuis 2010.
Ma formation a commencé par des études d'infirmière pour ensuite me former au métier de sage-femme. Au fil du temps, j'ai complété ma formation par un master en sciences de la santé publique et un DIU en précarité, santé maternelle et infantile à l'université de Paris.
Ma carrière professionnelle a débuté dans des hôpitaux bruxellois, à l'hôpital français et dans le réseau Iris sud. J’y ai, entre autres, travaillé en tant que sage-femme en salle de naissance, en post-partum et en consultation.
Par la suite, je suis arrivée à la Haute École. Enseigner n'était pas mon premier choix. Disons plutôt que je suis arrivée dans l'enseignement par hasard et cela m’a rapidement plu. Dans mes attributions se trouvaient les cours de déontologie, de protection maternelle et infantile, de méthodologie de la recherche et de mécanique obstétricale ainsi que l’accompagnement des étudiant·es en stage.
Parallèlement, je suis conseillère sage-femme à l'ONE (à l'Office de la naissance et de l'enfance) depuis 2009. Ce rôle au sein de l’ONE me permet de garder un lien avec la réalité du terrain.
Tu occupes toujours un rôle au sein de l’ONE d’ailleurs ?
Oui, je garde une activité à côté de celle de l’enseignement : celle de conseillère et membre du collège de gynécologues et sages-femmes. Je participe notamment au développement des politiques de santé relatives à la santé maternelle et infantile dans le cadre des compétences de l’ONE en Fédération Wallonie-Bruxelles
Enseigner n'était pas mon premier choix. Disons plutôt que je suis arrivée dans l'enseignement par hasard et cela m’a rapidement plu.
Qu'est-ce qui t'a fait choisir la profession de sage-femme ? Était-ce une vocation ?
C'est une bonne question ! Le choix de la profession de sage-femme s’est doucement et naturellement présenté lorsque j’ai débuté les études d’infirmière.
La naissance reste un moment particulier, une étape de transition. C’est naître et donner naissance à un enfant, à une famille. C’est cet aspect-là qui m’a attirée le plus : être en salle de naissance et accompagner les femmes et les couples dans leur manière de voir la naissance et d'accueillir leur enfant. Chaque histoire est unique. Il y a un côté un peu mystique autour de la naissance. Même si, la profession de sage-femme, c'est aussi travailler en autonomie en situation de bas risque, en collaboration avec le ou la médecin lorsqu’on identifie la pathologie et devoir gérer l’urgence. Le travail de collaboration interdisciplinaire est essentiel, anticiper, appeler le ou la médecin et intervenir rapidement dans certaines situations. Souvent, on ne sait pas à l’avance qui va arriver en salle de naissance car la majorité des naissances ne sont pas planifiées.
La naissance, et tout ce qui l’entoure, est un domaine qui a aussi beaucoup évolué. Tout comme le métier de sage-femme ?
Pour donner quelques chiffres, en Belgique, on est à environ 21% des naissances par césarienne. On sait aussi qu’il y a environ 30% de déclenchements. On peut dire qu’on est très forts dans la planification des naissances, surtout les veilles de week-end ou de vacances. Du côté des diminutions, ce sont les épisiotomies qui tendent à baisser. Donc oui, il y a des changements. Ça va dans le bon sens.
Au niveau politique, le rôle de sage-femme a également évolué. En 2006, une loi a élargi les compétences du métier. Selon cette loi, le ou la sage-femme pourrait prescrire des médicaments, faire de la rééducation périnéale et pratiquer des échographies. Par la suite, en 2013, une loi a matérialisé le fait de pouvoir prescrire des médicaments.
Il y a également des politiques à Bruxelles qui incitent les hôpitaux à ouvrir la salle de naissance aux sages-femmes qui seraient externes à l'hôpital. Dans ce cas, ils et elles peuvent accoucher la femme enceinte, présentant une grossesse à bas risque, qu’ils et elles auraient suivie.
Je dirais que d’un côté, oui, ça a évolué. D'un autre côté, cela n'a pas tellement changé, non plus. En vrai, on a besoin de peu d’éléments techniques pour accompagner une naissance et beaucoup d’humain. Une naissance reste une naissance, un enfant qui se sépare du corps de sa mère.
Souvent, on ne sait pas à l’avance qui va arriver en salle de naissance car la majorité des naissances ne sont pas planifiées.
Les compétences demandées et attendues des sages-femmes ont donc augmenté ?
En effet, avec les années, les compétences de base demandées n’ont cessé d’évoluer. Par conséquent, la formation est aujourd'hui très intense en termes de rythme et de matières à assimiler.
Le groupe Inter-Réseaux, où les 9 hautes écoles en Fédération Wallonie Bruxelles organisant la formation sont représentées, a écrit un argumentaire pour demander la création d'un master aux différentes directions académiques et au niveau de l’ARES.
C'est également demandé par l’union professionnelle et par des partenaires du système de santé qui soutiennent le renforcement des compétences professionnelles des sages-femmes.
Au niveau du cadre européen de certifications, nous sommes à un niveau 6 en Belgique, un bachelier. La demande serait de passer à un niveau master, une formation de niveau 7. En France, par exemple, la formation est passée à 6 ans. En Belgique, on est toujours à 4 ans, en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Qu'est-ce que tu aimerais faire évoluer au sein du département ? Quels sont tes souhaits et tes objectifs pour la formation ?
En tant que cheffe de département, mon rôle principal est d'assurer la continuité du plan d'action qui avait été construit et mis en place avec les membres de l’équipe.
Il faut dire qu’on fait face, depuis 3 ans, à une augmentation importante du nombre d'inscriptions en bloc 1.
Un des challenges pour moi, est de trouver des partenariats de stage pour compléter la formation de nos étudiant·es. L’autre défi important est de veiller à la motivation et au bien-être de l'équipe qui est aussi impactée par cette situation.
Concrètement, dans le programme de formation nous avons introduit des modifications mineures : la création de classes et l’adaptation de certains dispositifs pédagogiques tout en veillant à maintenir la qualité de la formation.