À la découverte du Certificat en Gestionnaire de cas complexes - Case Manager
Voir tous les articles FormationsCe certificat est ouvert aux infirmiers, kinésithérapeutes, médecins, ergothérapeutes, assistants sociaux et éducateurs.
Bonjour Catherine, Qu’est-ce qui t’a personnellement motivée à t’investir dans la coordination de ce Certificat ?
Je voudrais d’abord dire que c’est grâce à la confiance que m’a accordée Sophie Breedstraet, à l’époque Directrice du secteur santé de la HE Vinci, que je me suis investie dans ce projet. Ce fût un véritable chalenge à tous points de vue.
Le Case Manager est un secteur neuf mais complètement en lien avec la santé communautaire, mon secteur de spécialisation. Étant convaincue que la coordination des soins est au cœur de l’amélioration de la qualité de vie des patients, surtout dans des parcours de soins de plus en plus complexes et chaotiques, cela m’a énormément motivée.
De plus, j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à créer ce Certificat en collaboration avec mes collègues d’autres Hautes écoles car il s’agit d’un Certificat inter-pôles.
Quelles sont, selon toi, les principales compétences qu’un Case Manager doit développer pour répondre aux défis actuels dans le secteur de la santé ?
Il est évident qu’actuellement nous sommes face à un vieillissement de la population, une précarité préoccupante, des problèmes de santé mentale exponentiels, une complexité croissante des parcours de soins, l’importance accrue de l’interdisciplinarité, malheureusement aussi face à la pénurie de personnel de soins de santé, et tout cela exige du Case Manager des compétences à la fois techniques, relationnelles et organisationnelles :
- Le Case Manager doit d’abord connaitre les droits des patients, comprendre les systèmes des soins de santé et les dispositifs sociaux (aides existantes et procédures de financements) afin d’assurer la continuité entre les différents acteurs (hôpitaux, structures sociales etc.) ;
- Il doit évaluer les besoins biopsychosociaux souvent multiples et parfois cachés quand le réseau est au bout de son intervention. Il doit élaborer et planifier des plans d’intervention individualisés, adaptés et évolutifs ;
- Il doit gérer des situations complexes ;
- Il doit prendre des décisions face à des problèmes complexes, parfois en urgence, en tenant compte des priorités médicales, sociales et éthiques ;
- Il résout ces problèmes souvent avec la capacité de trouver des solutions créatives dans des contextes très complexes ;
- Il doit soutenir l’autonomie du patient en lui rendant son pouvoir d’agir, ce que l’on connait plus communément sous l’empowerment, et aussi soutenir son autodétermination, en l’impliquant activement dans les décisions le concernant, en tenant compte de ses préférences, de ses ressources personnelles et de son contexte de vie.
Je me dois de préciser que le Case Manager intervient quand le réseau hospitalier a déjà mobilisé toutes les ressources possibles avec le patient, sa famille et son entourage.
En quoi ce nouveau Certificat peut-il changer concrètement la prise en charge des bénéficiaires et le travail en réseau avec les autres professionnels de santé ?
La fonction de Case Manager s’insère pleinement dans la mise en œuvre des nouvelles politiques sociales de santé à Bruxelles, notamment dans le cadre du Plan Santé Social Intégré. C’est un maillon essentiel dans la coordination des soins.
Indéniablement, il y aura un impact sur la prise en charge des patients grâce à une approche plus personnalisée, une meilleure continuité des soins et une plus grande autonomie des patients.
Grâce aux compétences acquises par ce Certificat, le professionnel sera mieux outillé pour identifier les besoins médico-psycho-sociaux mais aussi environnementaux, spirituels,... du patient afin de mettre en place des plans de soins individualisés efficaces et centrés sur la personne.
En termes de continuité, le Certificat va renforcer les compétences en coordination entre hôpital, domicile, structures médico-sociales,... Ce qui engendrera moins de ruptures de prise en charge, moins d’hospitalisations évitables et une meilleure stabilité pour les patients.
Et enfin l’autonomie du patient s’en trouvera renforcée par des techniques d’empowerment, d’auto-gestion et prise de décision partagée, …
-> L’impact concernera aussi le travail en réseau :
Le Certificat va apporter une identité professionnelle partagée autour de la coordination, des outils d’évaluation, des grilles de priorisation, etc. Cela va faciliter les échanges avec les médecins, infirmiers, assistants sociaux, psychologues, etc. Le professionnel sera donc identifié comme un référent de parcours, capable d’animer la coordination entre les acteurs. Cela améliorera la fluidité des échanges, réduira les redondances, et renforcera la cohérence des interventions.
-> Et enfin l’impact sera collectif :
Le travail en réseau deviendra plus structuré, donc plus efficace : réunions de coordination, partage d’informations pertinentes, et vision commune des objectifs de soins. Le patient sera au centre, et non plus « perdu » entre plusieurs services qui ne communiquent pas.
Comment imagines-tu l’évolution du métier de Case Manager dans les 5 à 10 prochaines années ?
Il m’est difficile de répondre à cette question mais d’après mes contacts sur le terrain, le Case Manager se devra de réagir de plus en plus tôt grâce à différents outils afin d’identifier les patients à risque plutôt que parfois de jouer "pompiers". Ce qui à mon avis doit passer par une adaptation des institutions et un soutien politique.
Et je pense aussi qu’il faudra accorder une importance beaucoup plus grande encore aux facteurs non-médicaux déterminants de la santé : environnement, soutien social, logement, alimentation,... mais aussi aux soft skills : intelligence émotionnelle, communication, gestion du changement, curiosité, éthique…
On en reparle dans 10 ans !
Le Certificat est inter-hautes écoles : qu’apporte cette collaboration académique et comment enrichit-elle la formation ?
Il est évident que travailler sur un projet commun n’a que des bénéfices. Notre dernier référentiel de compétences en santé communautaire avait été ainsi construit. Et ce n’a été que pur bonheur.
Donc, ici, tout naturellement, nous avons construit le Certificat avec Ephec Santé (Bruxelles), HELHA (Hainaut), HELMO (Liège) et HENALUX (Namur). Nous avons tout simplement mutualisé nos ressources et nos expertises. C’est une réelle source d’inspiration. Nous avons partagé nos connaissances, nos expériences en vue d’adopter de bonnes pratiques. Nous nous sommes adjoints aussi des Case Managers de terrain.
Tout était à créer, ce qui nous a laissé beaucoup d’initiatives et de créativités tout en répondant aux besoins du terrain des Case Managers. Tout cela était enrichi grâce à la diversité des idées du groupe et de la dynamique de celui-ci.