Au cœur des questions du Climat et de la Transition dans le Département Assistant en Psychologie

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Publié le par Emmanuelle Dejaiffe

En cette fin septembre, à la veille de la Rentrée académique de notre Haute Ecole placée sous le thème Habiter le monde, le VMag a rencontré Marie-Claude Cassiers pour évoquer le cours pluridisciplinaire qu’elle a initié à Vinci sur les questions du climat et de la transition. Enseignante engagée mais également psychologue clinicienne et anthropologue, elle défend l’idée d’une unité d’enseignement transversale pour mieux former la génération des professionnels de demain qui sera confrontée à ces questions.

Bonjour Marie-Claude. Peux-tu évoquer en quelques mots d’où est venue l’idée de ce cours sur les questions climatiques et de transition ? Est-ce important que l’on traite ces sujets aujourd’hui dans l’Enseignement supérieur ?

Cela fait aujourd’hui plus de vingt ans que je donne le cours de Politique culturelle pour les étudiants de Bloc 1 en Assistant en psychologie à la HE Vinci. Au fil des ans, j’y ai abordé notamment des phénomènes de société comme la question du terrorisme et de la violence. En 2019, les Marches pour le Climat organisées par les jeunes m’ont personnellement interpellés. Dès ce moment où la jeunesse a choisi de se mobiliser, j’ai souhaité m’engager d’une manière plus forte comme enseignante mais aussi comme citoyenne sur les grands défis liés à la question du climat. L’idée de ce cours naît directement de là. Comment la psychologie peut-elle apporter un éclairage sur la question climatique ? Que puis-je faire à mon niveau ?

Le but était de montrer toute la complexité de la question du climat et de la transition.
Marie-Claude Cassiers

Tu as rapidement souhaité que ce cours aborde ces thématiques sous un angle pluridisciplinaire. Peux-tu évoquer le cycle d’exposés mis en place l’an passé dans le cadre de ce cours ?

En effet, il est important de traiter ce sujet complexe en l’appréhendant via une approche qui s’ouvre à plusieurs disciplines. Pour bien le cerner, il faut évidemment prendre conscience des enjeux politiques, économiques, scientifiques, etc. Par exemple, j’ai débuté ce cours en invitant Laurent Houssiau, un professeur de climatologie à l’UNamur.

Depuis plus d’un an, je me suis inscrite dans le réseau Prof en transition qui est une première au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cela m’a donné l’occasion d’être en synergie avec de nombreux collègues sensibilisés par ces enjeux.

Aujourd’hui, au niveau européen, ces questions du Climat et de la Transition sont également traitées dans des Unités d’Enseignement transversales dans de nombreuses universités. J’ai fait la demande d’initier un projet d’unité transversale à la Direction du Secteur des Sciences humaines et sociales de la HE Vinci. Ce serait formidable que toute la Haute Ecole s’engage pédagogiquement en imposant une ou des unités d’enseignement qui abordent ces questions, tant d’un point de vue académique qu’expérientiel.

Avec le soutien du département Assistant en psychologie qui m’a donné carte blanche, j’ai organisé ce cours Climat et Transition autour d’un partage d’expériences, en invitant des enseignants à venir échanger leur point de vue pour éclairer cette question depuis leurs compétences propres qu’ils soient géographe, philosophe, psychologue, logopède, économiste etc. Il y a eu également des exposés plus expérientiels comme une présentation de l’IPNA* ou encore par des exercices plus méditatifs qui démontrent qu’on peut entrer dans une autre forme d’attitude face à ces questions.

J’ai enfin clôturé ce cycle d’exposés par la question de la désobéissance civile. Au total, les étudiants ont assisté à onze exposés donnés par douze enseignants venant d’horizons extrêmement diversifiés, le fil rouge était que chacun ait une vraie indépendance pour son intervention, le but était de montrer toute la complexité de la question du climat et de la transition.

Heïdi Sevestre, glaciologue et Marie-Claude Cassiers lors de la masterclass de la Rentrée académique, septembre 2023

Quel a été le retour des étudiants ? Ont-ils apprécié les exposés ?

Ils soulignent dans l’ensemble que cela leur fait du bien de voir des adultes concernés. Beaucoup nous remercient aussi car ils ne connaissaient pas tous les impacts possibles du changement climatique sur la biodiversité ou sur la santé par exemple. Ce qu’on a tenté cette année devrait être renforcé car il est formidable de réaliser le mouvement qui se met en marche.

En janvier dernier, j’ai également suivi une enquête menée sur ce sujet par un petit groupe d’étudiantes de Bac 3 dans le cours de Gestion de projets de Cédric Andrien. Un questionnaire avait été envoyé à tous les enseignants et étudiants de la Haute Ecole pour mieux connaître les actions menées à la Haute Ecole. Une cinquantaine d’enseignants et environ 400 étudiants y ont répondu. Les étudiants sont intéressés par ces questions, même si cela en inquiète certains. Il y a bien sûr de l’écoanxiété. Les résultats de l’enquête montrent par exemple que 70 % d’entre eux se sentent impactés par ces questions, ce n’est pas rien.

Demain, et si on montrait aux jeunes qu’ils ne sont pas seuls ?
Marie-Claude Cassiers

Et demain, comment envisager ces enjeux au sein d’une Haute Ecole comme la HE Vinci ?

Demain, et si on montrait aux jeunes qu’ils ne sont pas seuls ? La nouvelle génération va devoir relever de gros défis.

La Haute Ecole peut former les étudiants à affronter les maux qui attendent les générations futures. Il me semble essentiel que la jeunesse soit informée de la situation à laquelle elle va être confrontée à l’avenir. Les former via une unité d’enseignement transversale dédiée à ces questions, c'est former des professionnels et des citoyens engagés et éclairés pour des choix d'actions de leur avenir. Cela devrait être intégré au programme de formation des étudiants.