Participer à la rencontre des mondes

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Publié le par Emmanuelle Dejaiffe

A la veille de cette rentrée académique, nous avons rencontré Yves Winkin, invité de la séance inaugurale. Professeur extraordinaire émérite de l’Université de Liège et Professeur honoraire du Conservatoire national des arts et métiers, Yves Winkin a introduit dans le monde francophone diverses thématiques des sciences sociales américaines, qu’il a intégrées dans une "anthropologie de la communication". Il évoque ici la thématique de la soirée autour de la "rencontre des mondes".

La Rentrée académique de cette année évoquera la "rencontre des mondes". Pouvez-vous préciser, en quelques mots, le sujet de votre intervention lors de cette séance ?

Je voudrais repartir de la multitude d’expressions de la langue française contemporaine qui contiennent le mot « monde » et m’interroger sur ce phénomène. D’une part, on a nombre de formules du genre « il est dans son monde », « il n’est pas de notre monde », « c’est un monde à part », etc. D’autre part, on a une étonnante quantité de mondes « spécialisés », comme « monde culturel », « monde de l’art », « monde virtuel », « monde de l’enfance », « monde animal », « monde de la nuit », etc. Bref, tous mondes qui semblent clos, ou du moins repliés sur eux-mêmes, se frôlant à peine. D’où ma question : n’est-ce pas notre responsabilité d’enseignant·e, de chercheur et chercheuse d’aller à la rencontre de ces mondes, de les explorer, d’en revenir, d’en parler — et finalement de les ponter ?

Cette soirée serait l'occasion de mettre en lumière la diversité, l'inclusivité, l'ouverture et l'engagement sociétal. Est-ce essentiel aujourd'hui de présenter ces valeurs/notions dans l'univers de l'enseignement supérieur ? Et si oui pourquoi ?

Vous allez au-devant de mon argumentation : si ces mondes ont tendance à se rouler en boule, c’est à nous, acteurs et actrices du domaine académique, qu’il revient de les rassurer et de les inviter à s’ouvrir. Aujourd’hui, il me paraît désuet de travailler encore à la manière des anthropologues d’autrefois qui s’immergeaient dans un monde lointain pour en tirer une monographie. Le travail scientifique sur le terrain reste essentiel mais les chercheurs et chercheuses doivent devenir à leur retour des relais, des interfaces, des « ouvreurs et ouvreuses de portes » qui prôneront ces valeurs de diversité et d’inclusivité que vous évoquez. Ils parlent aux générations futures, celles-là qui façonneront les mondes de demain. Si ces valeurs d’ouverture et d’engagement sociétal ne sont pas déployées aujourd’hui dans l’enseignement supérieur, les mondes de demain seront hérissés de tours de guet.

Avez-vous un message pour notre communauté (étudiantes et membres du personnel) à la veille de cette rentrée 2025 ?

J’aurais envie de dire, autant aux étudiants et étudiantes qu’aux membres du personnel, d’exploiter toutes les ressources offertes par les programmes européens : Erasmus, Tempus, Comenius, etc. A mon époque, les étudiants et étudiantes n’avaient guère pour ressources d’exploration de mondes un peu lointains que les célèbres « Inter-Rail », les vendanges ou les voyages en stop. Aujourd’hui, non seulement, les voyages Inter-Rail se sont ouverts à tous les âges mais les possibilités de séjours, de stages, de missions de quelques jours à quelques mois se sont énormément développées. Bref, bougez, circulez, ouvrez-vous, il en restera toujours quelque chose de positif pour vous-même, pour vos études, pour votre cadre de travail.

Copyright photo : Bertrand Bouckaert