Des enseignantes Vinci impliquées dans le cadre du Pacte pour un Enseignement d’excellence

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VMAG Consortium

Publié le par Guillaume Beeckman

Depuis 2016, huit Consortiums scientifiques travaillent sur les disciplines du tronc commun. L’initiative regroupe 36 chercheurs et chercheuses issus de 15 établissements d’enseignement supérieur différents, dont 3 de notre Haute Ecole.

Rencontre avec Laurence Grofils, chercheuse au sein du consortium « Sensibilités et expressions artistiques ». Le tout à la lumière du travail effectué par Elodie Pénillon (consortium « Français-Latin ») et Louise Deghorain (consortium « Education par le numérique »)

Bonjour Laurence, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour, alors à la base je suis maître assistante, professeure de didactique de l'art plastique à la HE Vinci. Je m’occupe également du Technolab, sur le site de Louvain-la-Neuve. J’ai été engagée il y a plus de 21 ans au sein de la Haute Ecole. En parallèle, j’ai une pratique artistique, que ce soit dans des compagnies de théâtre, pour la création d’albums jeunesse ou pour des associations culturelles. Toutes ces multiples casquettes m’ont menée à être engagée dans un consortium de recherche, depuis maintenant 4 ans.

Qu’est-ce qu’un consortium de recherche, et quels en sont les objectifs ?

Les consortiums ont été créés il y a une dizaine d'années dans le cadre de la réforme de la formation initiale. L’objectif est d’accompagner les enseignants dans cette transformation et leur fournir des outils qui soient validés par la Fédération Wallonie Bruxelles. Il y a donc différents consortiums, pour différentes branches et didactiques.

Dans mon cas, je fais partie depuis 4 ans du consortium « Sensibilités et expressions artistiques ». De manière générale, cela concerne l’Éducation culturelle et artistique. On a des outils qui travaillent l’éducation corporelle, le cinéma d’animation, la photographie, la musique, etc.

Certains consortiums se concentrent particulièrement sur le référencement d’outils déjà existants, analysent en quoi ils sont performants et les valident pour l’ensemble des enseignants. Moi, ce qui m’intéresse surtout, c’est la création d’outils. Je collabore avec plusieurs collègues, en fonction de nos casquettes et de nos compétences.

Pourrais-tu nous partager des exemples de projets qui ont été développés dans ce cadre ?

Dans le cadre de mon consortium, nous avons créé plusieurs outils appelés les « p.ART.cour(t)s », avec une orthographe bien particulière. Il suffit de taper cette formulation sur la plateforme e-classe pour tomber directement sur tous nos outils.

(NB : la plateforme e-classe héberge l’ensemble des ressources didactiques produites au sein des consortiums)

Je peux parler plus précisément de l’un des premiers outils que j’ai créés, qui est maintenant de plus en plus diffusé. Il s’appelle : « Dix mois avec ma petite fabrique de matériel ». En tant qu’enseignante ou en visite de stage, je voyais souvent que le coût en matériel en art plastique freinait beaucoup les enseignants. Grâce à ce p.ART.cour(t), chacun peut fabriquer sa technique : sa gouache, son fusain, son brou de noix. L’outil est organisé mois par mois, de septembre à juin, avec plusieurs idées d’exploitation en art plastique. C’est chouette parce que ça démystifie l’idée que l’on doit être expert en dessin ou maitre en arts plastiques pour enseigner la matière. L’outil est également fortement apprécié pour travailler le outdoor : il faut récolter ingrédients, beaucoup de propositions peuvent se faire en extérieur. Il y a un côté très pratique.

Dernièrement, j’ai également travaillé en équipe sur un outil présentant une cinquantaine d’artistes femmes belges de différentes disciplines : que ce soit en musique, en arts plastiques, en sculpture, en danse. On a référencé une carte de géographie avec les endroits en Belgique où l’on peut retrouver leurs œuvres. Cela permet de mettre en avant ces artistes souvent invisibilisées. Le p.ART.cour(t) s’appelle « RAS… Répertoire d’artistes surprenantes », et est réalisé en collaboration avec 6 autres chercheuses.

Quelle est la place du terrain (enseignants, direction, élèves) au sein de ce travail de co-construction ?

C’est intéressant parce qu’il y a différents types de validations sur le terrain. On va en amont déjà tester le dispositif en classe. Ensuite, l’on rédige et on le fait vivre à des enseignants qui l’année suivante proposent l’activité à leur propre classe. On récupère ensuite leurs retours à travers une interview, et grâce aux remarques l’on réajuste notre outil. A ce moment-là, c’est la fin de la validation, il peut aller sur la plateforme e-classe. C’est vraiment un travail de recherche, composé d’aller-retour avec le terrain.

Comment se passe la collaboration avec les autres universités, hautes écoles et écoles supérieures des arts ?

Les contacts sont réguliers, particulièrement lorsque l’on travaille ensemble sur un même outil. C’est toujours intéressant, on n’a pas tout à fait les mêmes casquettes et on apprend à se connaître. La collaboration est fluide. Il existe également des réunions globales entre tous les consortiums.

Chaque année cependant, l'existence des consortiums est remise en question. On ne sait que durant l’été si l’on va être reconduit ou pas. Quand je discute avec mes collègues, souvent on se pose la question : « est-ce que tu crois qu’il y aura une année prochaine ? ».

Si tu devais te projeter quelques années en avant, qu'espères-tu pour le futur de l'enseignement ?

Plus d’optimisme. Notre société est en pleine mutation, et c’est vrai que l’enseignement se cherche. Le pacte d’excellence est un peu une réponse à cela, malheureusement il est remis à mal par le gouvernement actuel. Les enseignants commençaient pourtant à s’y faire et comprenaient le sens de la réforme. J’espère que le passage de 3 à 4 ans d’études va amener une dynamique, une richesse au niveau des enseignements et que le sous-financement de l’enseignement supérieur va être reconnu et pris en compte.

Un dernier message, un dernier mot ?

J’aimerais réinsister sur le fait que je ne suis pas du tout la seule chercheuse à la haute école impliquée dans un consortium. C’est important de valoriser la richesse et la compétence de nos enseignants, de mettre en lumière le travail effectué.

Pour découvrir le travail de Laurence Grofils, mais également de Elodie Pénillon, Louise Deghorain et les autres chercheurs et chercheuses engagés au sein des consortiums, rendez-vous sur la plateforme e-classe.